domaine de frévent

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samedi 27 décembre 2014

Millésime 2014


2009 -2010 -2011 -2012 -2013 -2014, des années de croissance… grâce à vous.
 
Évidemment, il y a eu d’abord les deux gîtes, puis les chambres. Ensuite un autre gîte, puis une cabane, et deux, et trois… l’évolution du domaine a lui aussi contribué à cette croissance.
Mais sans votre présence pour la faire vivre, cette propriété n’aurait pas pu devenir ce qu’elle est aujourd’hui.



La croissance 2014 aussi modeste soit-elle a bénéficié de deux faits marquants. Le premier est un article dans le Figaro Magazine qui a certainement été remarqué par beaucoup d’entre vous. Il est très difficile de quantifié l’impact d’une telle publicité sur un taux de fréquentation. Les clients ne sachant pas toujours dire ce qui les a amené jusqu’à vous. Certain cependant m’ont signalé être venu suite à cet article. Être remarqué par un tel média, c’est avant tout… être bien noté. Cela donne du crédit à votre action auprès des professionnels du tourisme. Cela démontre d’un certain sérieux, et je remercie la journaliste pour l'intérêt qu'elle a porté au domaine de Frévent.

Le deuxième fait marquant vient de mon action sur le référencement du site web 'domaine-de-frevent.fr'. Après avoir suivi une formation dans ce sens (par internet, confortablement assis à mon bureau et...bien au chaud), j’ai pu mettre en place de quoi ressortir au mieux dans les algorithmes de recherche.
Je garde un agréable souvenir de cette formation atypique et je salue en passant mon formateur, ainsi que mes collègues, qui comptent depuis parmi mes amis Facebook.
D’après le compteur du site : 19000 visites tout de même depuis le début de l’année. J’ai aucun élément pour me dire si ce chiffre est élevé ou pas. Mais il me plaît de croire qu’il est ENOOORME. Il me faudra l’analyser un jour avec les outils appropriés.

Pour compléter cette action de référencement web, je me suis mis à écrire des feuillets sur ce blog. C’est très chronophage et je n’arriverais peut-être pas à garder le rythme très longtemps. Il faut trouver le sujet toujours en rapport avec l’activité et puis écrire avec son cœur, avec son âme. Surtout ne pas se forcer, ce qui conduirait à faire des textes compliqués.
Écrire le plus humainement possible, pour avoir un discours sympathique qui retienne l’attention du lecteur.
Et puis trouver un titre accrocheur, parce que je vous connais bien, c’est le titre et pas le thème, qui vous fera ouvrir la page du blog. Peut-être aussi la photo. Ah! La photo… si seulement j’arrivais à faire de belles photos. Là aussi j’aurais besoin d’une formation.
J’en entends déjà certain me dire : « mais ça ne sert à rien tout cela, il te faudrait être lu ». Et c’est bien vrai que des lecteurs j’en ai peu…mais je crois pourtant à la nécessité de cette démarche. Elle contribue à me faire connaître (de ceux que cela intéresse) et écrire, c’est un maillon supplémentaire de la chaîne qui tire la communication vers le haut.
Et puis même si ces feuillets ne sont pas lu, écrire c’est laisser une trace. Une trace de son passage, une trace de son savoir et de ce que l’on fait, pour celui qui, un jour, s’intéressera à Frévent et à ce qui s’y est passé. Écrire n’est jamais vain.

Que vous dires d’autres pour résumer l’année. Comme vous l’avez compris, le régime de croisière semble s’assoir à présent. Ce n’est pas pour autant qu’aucune conquête n’est plus à faire. Le potentiel n’est pas atteint. Les nuits de semaine sont encore loin d’être remplies et pour se faire les projets vont bon train.

Mais je n’en dis pas plus. L’hiver s’installe et avec lui, le temps de la réflexion, des plans et des études pour concrétiser les activités de demain.
Comme chaque année à l’arrivée de l’automne, je me remets progressivement au bureau et devant l’écran de l’ordinateur. Je constate le retard accumulé durant l’été ou j’ai passé du temps en extérieur. Il y a là une montagne de travail qui m’attend. Je m’y attelle doucement, résigné.

Au printemps prochain, je repartirais vers des activités plus palpitantes et avec des idées plein la tête. Je remonterais dans mon tracteur aussi, lui qui me soulage de tant d’effort. Pourvu qu’il en soit encore capable l’année prochaine car ce fidèle compagnon prend de l’âge et tombe souvent malade. Point de retraite pour lui, destiné à mourir sur le champ de bataille ! (à moins que je ne le remplace avant).

J’y verrais plus clair au printemps. En attendant je vais manger des oranges !



Hervé




mardi 23 décembre 2014

La pose de Noël


Cher père Noël,

Cette année, comme j’ai bien travaillé, voici ma liste de cadeau (tu pourras choisir, ou me les amener tous, si tu veux)

1) Une tablette graphique pour faire des dessins et retoucher mes photos
2) Un objectif 300 mm ‘CANON’, pour photographier les petites bêtes.

Voilà, c’est tout. En gardant mon âme d’enfant, je pensais faire une longue liste, mais finalement, il n’y a pas de quoi écrire une lettre. En fait, à mon âge, des cadeaux, on n’en n’a plus très envie. Ou plutôt, on a compris que derrière chaque cadeau, il y en a un autre empoisonné. Non, je plaisante… (Quoi que…)
Mais il est clair que ces cadeaux-là, je peux me les offrir moi-même tout au long de l’année.

Quand j’étais petit et que je demandais une voiture télécommandée, c’est parce qu’elle me faisait rêver et je m’appuyais donc sur le père noël pour me faire un petit miracle.
Ce dont j’ai envie moi, aujourd’hui, c’est la juste transposition des cadeaux d’enfance, à l’âge adulte. C’est-à-dire, les énormes. Ceux qui me font rêver parce que je ne peux pas me les offrir. Avec ceux-là, ma liste pourrait être beaucoup plus longue.

_Un jet privé, pour faire le tour du monde sans passer par ‘Air France’
_Un hélicoptère pour en finir avec les embouteillages
_Un yacht, pour aller à la « pêche au gros »
_Une caisse de château Petrus, pour voir si c’est bien vrai
_Un appartement à Hong-Kong, pour les affaires
_Un tableau des frères Le Nain, pour l’émotion intérieur.
_Le chapeau de Napoléon, s’il sent encore la poudre à canon.
_Une milice privée, armée jusqu’aux dents
_Un avocat à moi tout seul, ou ‘une’ c’est plus jolie ! (pour l’efficacité juridique)
_Un majordome, avec gant blanc, pour ne plus avoir à débarrasser la table
_Un château en Dordogne, avec des fantômes
_Une expédition sur la lune, ou plutôt sur Mars (j’ai encore l’âge)

Oui je sais, tout cela devient plutôt 'neuneu' et je pourrais en écrire des pages. Mais je risque de vous lasser, alors j'arrête là...
En guise de cadeau de noël pour moi, il y a surtout l’ambiance. J’en ai eu des bonnes et des moins bonnes, mais dans l’ensemble cela se résume toujours par une grande inactivité.

C’est à ce moment de l’année ou j’aime me coller au fond de mon canapé pour me passer des films toute la journée. Je regarde même les chaînes de Tv. (Avec de la pub tous les quarts d’heure). J’y revois les diffusions reprogrammées tous les ans pour cette même période, mais ça ne fais rien, je plonge dans un univers oisif. Je déconnecte complètement et me place en limite de lobotomisation, avec quelques neurones encore branchés, juste pour savoir ce qui se passe autour de moi. Alors j’aime revoir les films plusieurs fois, ça m’aide à mieux les comprendre… et à découvrir certaines choses qui m’avaient échappées. Que ce soit au niveau de l’image, au niveau du texte ou du son. J’observe les décors, les arrières plans, je pense aux effets spéciaux. Je réfléchis au pourquoi du comment, j’enregistre certaines répliques, et j’écoute les musiques, les génériques de fin. Je regarde aussi les documentaires, les dessins animés, les infos en boucles, les émissions people… tout devient intéressant à mes yeux. Même la télé réalité ou j’en profite pour analyser le comportement des gens.

En général, mes enfants sont à côté de moi, sur la droite et ont se gave de la télé non-stop. Surtout avec Tiphaine, qui doit tenir de son papa pour ça. Et c’est la saga du seigneur des anneaux, une fois, deux fois, trois fois ; puis le hobbit, pareil, le tout en home cinéma et le son qui pète dans les quatre coins de la pièce. Puis ce sera l’Age de glace un, deux, trois et shrek, Arthur, Blanche neige… Les journées ne seront jamais assez longues pour tout regarder. En même temps, on mange des chocolats (les pyrénéens) avec des petits gâteaux, de la brioche bien fraîche et on se fait des petits thés… Il nous arrive même de rester en pyjama toute la journée. Le soir venu, je suis épuisé de tant d’inaction. Si si (sans jeu de mots), je vous jure, je m’endors comme un bébé. Je n’ai aucune raison à limiter cet enivrement. Je sais qu’au bout d’une semaine mon corps en sera lassé, et cela sera plus fort que moi, il faudra que je m’occupe l’esprit à nouveau (et que je remette Tiphaine au travail…). Alors j’en profite pour ne plus me soucier du lendemain… C’est une période de plénitude dans un laisser-aller total. Allons-y de bon cœur…

C’est à ce moment de l’année ou j’aime aussi faire un peu de cuisine. Un foie gras, deux foies gras, trois foies gras… je suis le spécialiste du foie gras, alors là encore pas de limite. Nature le foie, jamais avec des fruits ou autres, juste mariné dans un peu d’armagnac, poivre et sel… C’est tout. Je ne fais guère d’autres choses en cuisine. J’aide beaucoup…

C’est le moment aussi de choisir les vins dans la cave pour en sortir des meilleurs. Notamment les liquoreux (Sauternes-Monbazillac…) que j’évite pour accompagner le foie gras, car je les trouve trop lourd. Ils sont plus appropriés pour les desserts. La bûche de noël en autre, avec l’écorce à la crème au beurre et au chocolat Noir. J’essaye d’accompagner les viandes avec des vieilles bouteilles, des vieux vins (parfois trop vieux). Je trouve que l’ambiance s’y prête bien.

La cheminée marche à plein régime. Car en restant inactif à ce point, on a vite froid, alors il faut assurer une bonne température dans le salon. L’idéal est quand il neige dehors, mais c’est rarement le cas. Cette année encore il fera doux.

Quand j’étais enfant, les Noëls se déroulaient de la même façon. Avec un peu moins de Tv cependant car elle était moins systématique qu’aujourd’hui. En fait, pour moi, peu de choses ont changé depuis tant d’années. A part les cadeaux, car je n’ai plus besoin de petites voitures, de ferme, de mécano… En revanche j’éprouve le besoin d’en offrir à mes enfants. Enfin, il ne s’agit plus des mêmes jouets, ils sont modernisés…

L’ambiance ne change pas, mais la roue tourne.

Joyeux noël à tous


Hervé










samedi 20 décembre 2014

La fumée de cheminée



Mon grand-père me disait : le bois te chauffe trois fois. La première chauffe à lieu quand tu le coupes, la deuxième quand tu le ranges pour le sécher, la troisième quand tu le brûles dans la cheminée.

Les deux premières chauffes expliquent pourquoi le feu de bois n’est pas un chauffage de tous repos. Bon, bien sûr, on peut l’acheter le bois (coupé et séché), pour n’avoir plus qu’à le déposer dans la cheminée. C’est une pratique largement établie de nos jours. Encore faut-il accepter la contrainte de la troisième chauffe qui consiste à approvisionner le foyer en bûches au fur et à mesure qu’elles se consument.

Au vu de ces astreintes, j’imagine assez mal les personnes habitants en appartement se chauffer avec du bois. Et je comprends que celles qui utilisent ce mode de chauffage en maison individuelle, veuillent avoir le meilleur rendement possible  en matière d’énergie calorifique restituée dans leur habitation.
Et c’est pour cela que les foyers ouverts restent chez beaucoup de personne, comme au domaine de Frévent, des éléments de décoration, ou de support pour y placer des inserts.
La plupart d’entre eux ne sont plus destinés à réchauffer l’atmosphère des lieux. Ils ne brûlent plus que de temps en temps pour l’agrément des ambiances historiques.

C’est à cet égard qu’il me parait ridicule d’envisager une loi pour les interdire, même si il est démontré scientifiquement qu’ils émettent des fumées polluantes.
Voilà un bien curieux remède envisagé, au nom de l’écologie, qui vise à supprimer le moyen de chauffe le plus ancien qui existe sur notre planète et qui n’a pas transformé la climatologie de la terre durant des millénaires.
Peut-être qu’un jour, dans la même logique, s’il est prouvé par les scientifiques que le fumier de vaches est polluant pour les sols, il faudra interdire les épandages des déjections animales pour mieux faire de la place aux engrais chimiques.
  
Mais j’ai soudain l’esprit critique qui me monte au cerveau. Alors on se détend… et on revient à nos jolis feux de cheminée qui avaient tant de charme quand ils n’étaient pas contenus dans un cube en fonte.  

Jadis, on les entendait brûler. Des crépitements aux chansons des plus insolites, ils nous parlaient. On les écoutait. Un monologue flamboyant s’installait dans les pièces, attirant irrésistiblement la présence de l’un près de l’autre. Leurs vocalises nous signifiaient combien ils tentaient de nous apporter le réconfort souhaité. Leurs amplitudes sonores nous alertaient quand furieux, ils débordaient d’énergie ou quand affaiblis, il fallait les attiser. Une relation se constituait alors entre le maître et son serviteur.
Jadis, on les voyait s’évaporer. La fumée qui s’élevait dans l’âtre dessinait des vortex évolutifs plus ou moins opaques et colorés. Du jaune au blanc le plus pur, on assistait à l’envolée funeste de la transpiration du bois. Une purification donnant le sentiment étrange que plus elle était dense, plus notre corps en serait réchauffé.
Il s’agissait de la fuite en avant du mal que l’on combattait sous les traits du froid et de l’eau. Plus elle était rapide et plus le feu était impétueux, pouvant ainsi nous envelopper dans son nuage de douceur. Je pouvais rester des heures à contempler cette maudite fumée que notre société d’aujourd’hui souhaite voir disparaître. D’ailleurs, quand elle diminuait d’intensité, j’avais tendance à vouloir la réactiver pour admirer encore ce qu’elle avait à me présenter d’elle même. C’était un véritable tableau en mouvement perpétuel.

Jadis, on les sentait se consumer. Des odeurs des plus délicates aux odeurs des plus complexes. Au grès des essences embrasées, les différents parfums qui s’en dégageaient, embaumaient les pièces. Elles participaient indirectement au réconfort apporté par le feu, en réchauffant nos sens.

Mais ne vous inquiétez pas, malgré tous ces attraits et cette nostalgie, il y a bien longtemps que je n’ai pas allumé de feu dans une cheminée sans insert. Car je suis comme tout le monde, j’aime faire des économies. A fortiori, parce que c’est moi qui coupe le bois à Frévent et qui le stocke pour le faire sécher. Alors plus les bûches se consument lentement en diffusant un maximum de chaleur et plus cela me convient.

Je vais même à présent jusqu’à utiliser des cubes allume feu pour le démarrage. Enfant, j’ai pourtant appris la méthode papier journal, petit bois, moyens bois puis grosses bûches sur le dessus. Mais c’était l’époque où on prenait le temps de faire des fagots de branches et où on avait du papier journal à disposition.
Je me débrouillais bien, étant petit, pour ce genre d’exercice. Il faut dire qu’une phrase de ma marraine résonnait dans ma tête à chaque fois que je m’y attelais. (oui j’en ai toute une série comme cela…)
Elle me disait : Celui qui est capable d’allumer un feu le matin est capable de tout réussir dans sa journée.
Alors je m’en étais fait une idée : il fallait que le feu démarre du premier coup. D’où une application certaine de l’échafaud et du choix des matériaux. Papier bien en boule mais pas trop serré, petit bois bien sec pas trop étalé, bois moyen pareil et un bon coup d’allumette. Le crépitement se faisait entendre, la fumée montait et l’odeur se développait. C’était parti… mais pas acquis. En effet il fallait rester devant quelque instant avec la pince pour l’accompagner en réordonnant le bois qui devenait braise au fur et à mesure.
Aujourd’hui, c’est un cube, trois pommes de pins et des grosses bûches direct ! On ferme la porte du poêle et peut s’en aller vers d’autres occupations. D’autant qu’avec les inserts il n’est pas nécessaire d’allumer tous les matins puisqu’il reste souvent des braises encore rouges de la veille.

                 


Tout ça pour dire quoi ? Dire que dans ‘ la maison du garde’ il y a un insert et une provision de bois bien sec à disposition pour y enflammer une belle ambiance hivernale.

Dire peut-être aussi dans un esprit rebelle : vive les feux de cheminée. Même si aujourd’hui les scientifiques ont remarqué que cela dégageait des particules nocives (mais j’y pense… ces gens-là, savent-ils au moins allumer un feu de bois?)
J’ai appelé ce feuillet ‘La fumée de cheminée’ pour rester sobre et discret. J’aurais peut-être dû l’appeler avec plus d’arrogance ‘cul par-dessus tête’, tellement la solution au problème posé semble être à la renverse de toute logique écologique. Mais je n’ai pas encore acquis assez d’audace pour ce genre de réflexion. On verra cela pour plus tard, bien plus tard, dans une autre époque …


Hervé

samedi 13 décembre 2014

6 - Massacre à la tronçonneuse (suite)...


C’était une mauvaise journée. Ce qui est souvent le cas quand un travail se déroule très vite en ne se concentrant que sur l’essentiel. Une fois terminé, il reste une montagne de tâches à effectuer pour la remise en ordre.

Quoi qu’il en soit, l’hécatombe a eu lieu. Rien ne s’est passé comme prévu, mais tout est par terre.
Je ne voulais pas que les grands sapins tombent dans l’eau de l’étang face à eux. Eh bien ils sont tombés… dans l’eau. Mais c’était voulu. D’après le bûcheron (le pro) il était risqué de les diriger avec précision dans un autre axe.
Et c’était finalement pas si dramatique, car une fois dans l’eau, les troncs ça flottent. Il devient alors facile de monter dessus pour les tronçonner et les hisser par portion sur la digue en les tirant avec le tracteur. Voilà donc, ce fut fait.




Évidemment c’est le capharnaüm sur la digue. Les troncs sont alignés le long du chemin au milieu des branches coupées qu’il va me falloir brûler. Le bûcheron viendra chercher les grumes plus tard.
Le terrain est détrempé et le tracteur a marqué le sol de ses roues agraires. Son utilisation sur les parties engazonnées est toujours déconseillée en cette période. Dans le cas présent elle était nécessaire cependant, et il me faudra donc reboucher les ornières au printemps.

J’ai compté les stries de la coupe du sapin qui semblait être le plus vieux. J’en ai compté 50. Cet arbre a dû être planté dans les années 1965 / 70 à l’époque de la R16 et des pattes d’éléphant. Cela correspond vaguement à la date d’acquisition du domaine par l’ancien propriétaire. C’est donc peut-être lui qui les avaient faits plantés.
Les jours qui ont suivi étaient trop venteux pour allumer un feu. J’ai dû attendre quatre jours pour commencer le nettoyage. Il faisait froid, il brouillassait, tout était mouillé et il m’a été difficile de démarrer le brasier. Une fois parti, la fumée se dirigeait sur la route, ce qui m’a conduit à l’alimenter tout doucement.
Je n’aime pas faire des feux, c’est toujours dangereux, une rafale de vent peut arriver soudainement et emmener des flammèches d’un coup, on se sait pas jusqu’où. Même quand tout est humide, j’ai une appréhension. Les fumées denses qui traversent la route voisine en plein virage, peuvent gêner la visibilité. Et puis ce n’est pas très discret un feu. Tout le voisinage est en alerte à la moindre fumée naissante. Surtout les agents de l’ONF, les pompiers, les gendarmes et le conseil général... la mairie.

Brûler, n’est plus dans l’air du temps. Allumer un feu, c’est aujourd’hui passer pour un pyromane ou au mieux, pour un inconscient qui aime prendre des risques en défiant les forces de la nature. Et puis… c’est la fumée qui pollue, c’est l’empreinte Carbone qu’il faut diminuer, c’est le réchauffement climatique qu’il faut arrêter, etc…
Il devient urgent d’investir dans un broyeur à branches. D’autant que les copeaux obtenus m’aideraient à lutter contre les mauvaises herbes sur les massifs à fleurs, en m’économisant du binage.



Mais pour cette fois encore, peut-être la dernière, il me faudra faire attention aux conséquences de mon nettoyage. Alors je tronçonne par petit morceaux que je pose délicatement sur le foyer. Lorsque le tas prend de l’importance, j’attends, appuyé sur le manche de ma fourche, qu’il se consume. Il faut prendre du temps pour ne pas prendre trop de risque. Puis je retourne chercher des brindilles.

La proximité du feu me tient chaud, en cette froide journée de décembre. La bruine me tombe sur les épaules et me mouille les cheveux qui goûtent sur mon visage. La fumée qui tournoie, vient me piquer les yeux et imprégner mes vêtements d’une odeur de pin brûlée. Dans mes déplacements, mes chaussures de sécurité glissent sur ce dédale de branches entremêlées. Alors je tombe, comme un enfant à qui on vient de faire un croche-pied et qui ne sait où sa chute va s’arrêter. Enfin stabilisé, mains et genoux à terre, la tête dans les aiguilles vertes, je me relève péniblement avec l’appréhension d’y retourner dès le prochain pas engagé. Alors je préfère la marche arrière qui semble plus sûr. Mais là encore mon pied se coince entre branches et tronc. Et c’est la chute arrière, plus incertaine encore que la première parce qu’elle est aveugle. Me voilà stabilisé sur le cul cette fois, encerclé par la fumée qui, à ce moment précis est de retour sur moi. Je sens très vite l’humidité du sol pénétrer mon pantalon et me refroidir les fesses. Alors je me débats pour me relever au plus vite en prenant appui sur des supports que je ne vois pas. Une fois debout, je ressens des douleurs d’égratignures aux jambes et un hématome au bras gauche. Je suis maudit c’est sûr. Ces sapins veulent se venger de moi pour leur avoir enlevé la vie. J’ai hâte de retrouver ma fourche.

De retour près du feu, je me place en amont du vent pour respirer le bon air. Je regarde l’étendue du chantier, qui ne semblait pas si important quand les résinifères étaient debout. Le nettoyage se serait étalé progressivement au fur et à mesure de l’abattage, ma tâche en aurait été facilitée. Mais là, il y a trop d’arbres tombés l’un sur l’autre au même endroit. En venir à bout va être long. La flambée durera plusieurs jours.



Pour terminer cet épisode, prenons du recul. On ne se souvient déjà plus du rideau noir que formaient ses sapins de trente mètres de haut. Pour en mesurer l’impact sur le paysage, il faut comparer les photos Avant / Après. Les charmes, plus petits, qui étaient derrière et que l’on remarque maintenant, vont pouvoir s’étoffer à leur tour et s’équilibrer.
Et puis, au printemps prochain, le soleil arrosera plus généreusement les sept petits rangs de vigne qui se trouvent plus au nord. Ce petit plus d’ensoleillement sera bénéfique au raisin pour arriver à maturité.


Hervé