Allez, un petit texte peut-être ?
Ce n’est pas que je m’ennuie, mais
j’éprouve soudain le besoin de parler… Et oui, ça m’arrive encore ! Ceux
qui me connaissent savent que je n’ai jamais été un virtuose de la
communication et je dois bien avouer qu’avec le temps, je sens cette prouesse
m’échapper de plus en plus. Il est bien loin le temps de la « réunionite »
qui faisait partie de mon quotidien. Alors pour ne pas devenir un véritable ‘trappeur’
reclus et bougon, je dois rester en
contact...
Ici, tout va bien… Les journées
ensoleillées sont arrivées en même temps que le confinement. Tandis que
beaucoup d’entre vous ont dû rester enfermés entre quatre murs avec pour seule
vue extérieure la même image qu’en plein hiver, nous, nous n’avons pas de mur et
un décor qui a évolué de jour en jour. Pas de couleurs tendances cependant car
peu de blanc, peu de gris ou de « couleur taupe ». La palette va du
bleu vif en haut à toutes les nuances de vert en bas, un peu de marron quand
même pour laisser respirer la terre.
Je ne me souviens pas les années
précédentes avoir autant apprécié l’arrivée du printemps dans ce lieu sur terre
où j’ai décidé de me poser il y a quinze ans. Est-ce dû à l’âge, aux
circonstances sanitaires ou est-ce dû à mon activité qui ne se concentre que sur
ce que j’aime faire : le travail extérieur ? Peut-être un peu le
tout. En effet, puisque vous n’êtes plus autorisé à nous rendre visite, les
préparations de cabanes et les réparations dans les chambres d’hôtes font place
aux aménagements qui laissent libre cours à mon imagination. Printemps
2020…rêvons un peu !
Ici tout est beau… L’équilibre entre
l’activité humaine et celle indispensable à la nature pour ne pas se dégrader
est respecté. Grace à l’impulsion de ma
fille Gwladys, le potager du roi (c’est
moi !) est en plein effervescence. Sous le regard baveux des lapins et
lièvres qui n’y ont plus accès le matin au lever du jour ; laitues, radis,
carottes, betteraves développent leur anatomie de façon à venir s’installer prochainement
dans nos assiettes. Les tomates s’élèvent le long de leurs tuteurs en s’y
accrochant et laisseront bientôt pendre des fruits qui rougiront en nous
regardant festoyés sur la terrasse lors des soirées d’été. Les cucurbitacées
prennent place en rampant sur le sol où elles déploieront bientôt feuillages et
courges démesurées. Plus loin prunes,
cerises et figues attendent encore d’échapper aux saints de glaces pour se
découvrir à nous sous des aspects plus colorés.
La forêt comme tous les ans s’est
réveillée en déployant un halo vert au plus près du sol. Jour après jour celui-ci
s’est élevé progressivement pour finir de colorer la cime des grands chênes
dans un vert plus prononcé. La fonction chlorophyllienne est entrée en action et de multiples larves ont
fait leur apparition pour se nourrir des feuilles, les amenant parfois à défolier la totalité des arbres.
Elles vont se développer pour se mettre à disposition des oiseaux qui, à leur
tour vont pouvoir nourrir leurs petits. Mais un déséquilibre est arrivé depuis
quelques années et nous a contraints à pratiquer un traitement contre les
chenilles processionnaires pour en limiter la surpopulation. J’espère que cette
action aura des répercutions favorables sur les prochains cycles sinon, nous
recommencerons... pour rester maître !
Vous savez combien je suis attaché au
démarches environnementales, mais comme pour le covid 19, c’est l’homme qui
doit survivre, pas la bête !
Aucun bruit de voiture au loin, ni même
celui d’un avion… seulement le cri du coucou qui résonne dans la forêt pour
cadencer nos ardeurs. Quand je sors sur ma terrasse le soir pour secouer la
nappe ou au petit matin pour prendre la température ressentie, le silence me
donne l’impression d’être seul sur terre. Quel bonheur que de connaître les
mêmes sensations auditives que ceux qui nous ont précédé en ces lieux,
construit la propriété, planté ces arbres, cultivé cette terre… vécu ici !
Plusieurs travaux de terrassement ont
été réalisés sur le Nord de la propriété destiné à améliorer l’écoulement des
eaux de pluies lors des périodes d’abondance. Avec l’aide de mon ami Michel et de
sa pelleteuse, fossés et marre ont été curés et retrouvent leur allure d’autrefois.
Des ponceaux ont été aménagés sur les chemins, les grès extraits des excavations
ont été replacés pour paysager les abords. La terre qui a bien séché depuis a
pu être retravaillée pour être nivelée. Les mousses, ronces et fougères
recouvriront progressivement ce sol et seront suivis prochainement par des
nappages de feuilles mortes qui lui rendront son apparence de sous-bois
naturel. Les arbres tombés par le passage des engins et par les coups de vent de cet hiver ont
été débités et leurs branches brûlées.
Tout est prêt pour vous recevoir à
nouveau comme les années précédentes, en cabanes en chambres ou en gîtes. Si le
déplacement vous est à nouveau possible, nous pourront vous accueillir à partir
du 11 Mai dans cette forêt où vous vous retrouverez seuls avec la nature et la
faune sauvage. (Mon côté trappeur !)
Ici, vous pourrez craindre d’être
contaminés par une envie folle d’aller vivre en province, dans une maison avec un petit ou grand jardin, bien loin
du ‘métro, boulot, dodo’. (T’arrives à
suivre ?)
Contaminés peut-être par une prise de conscience
qui vous suggère de ne plus vivre dans des quartiers bruyant les uns à côté des
autres, mais d’ évoluer dans un univers naturel et équilibré, là où selon les
médias, il n’y a pas d’emploi, pas de médecin, pas d’école, pas de commerce, pas
d’internet… mais là où j’ai décidé de vivre et où je me sens bien.
Prenez soin de vous !
Hervé