domaine de frévent

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vendredi 4 septembre 2015

Fin de tournage...



Ils sont arrivés par un matin de pluie, sachant que le soleil allait être prochainement au rendez-vous. Et du soleil il en faudra pour arroser de lumière la nature qui servira de décor de fond au thème de la chanson. Le chanteur descend de sa voiture, suivi du metteur en scène et quelques aides de camp. Ils prennent possession des chambres pour s’installer, s’organiser et s’habiller. Une table est à leur disposition à l’extérieur pour les boissons et les casse-croûtes de midi.

La pluie cesse de tomber. Techniciens, danseuses, modèles… se font attendre. Les premiers arrivent avec leur matériel sophistiqué qu’ils commencent à mettre en place alors que l’on voit apparaître les premiers rayons du soleil. Je déambule au milieu de ces installations, curieux de découvrir comment cela fonctionne. Il est étonnant de voir une grue de cinéma se monter au pied d’une cabane en pleine forêt, illuminée par de puissants projecteurs. Je prends des photos en restant discret, car tout le monde ici redoute le paparazzi. 



J’évolue donc derrière chaque arbre avec l’impression d’être un voleur d’images, moi qui suis sur mes terres et qui essaye de créer un album souvenir pour dire à celui qui prendra ma place plus tard, mais pas encore, qu’il s’est passé quelque chose de peu ordinaire un jour d’été 2015 à Frévent.

Les techniciens et… je ne connais pas bien le rôle de chacun, mais je vais l’appeler le cameraman puisque c’est lui qui gère l’image sur le petit écran, m’ont présenté la ‘Brigandine’ comme je ne l’avais encore jamais vue. Lumineuse et rayonnante au centre d’un sous-bois plutôt sombre. Le pied du chêne habituellement à l’ombre semble à présent ensoleillé. C’était le moment ou jamais de la photographier et d’en extraire des images pour le site internet dont je suis en train de préparer la refonte.


Bien sûr la musique est présente et donne du rythme à ces petits passages vidéo qui, après montage formeront le clip.
Je croise çà et là dans les bois des danseuses, des modèles en costumes de scènes, qui attendent leur tour de passage à l’image. Ça en fait du monde qui patiente toute une journée pour être fin prêt au tournage de quelques secondes de vidéo.

L’après-midi passe avec une luminosité de plus en plus soutenue. La troupe prend du retard sur le programme mais ce n’est pas bien grave car la dernière scène doit se passer de nuit sur la terrasse nord. J’aide à ma façon, je surveille aussi… les verres oubliés, les papiers, mouchoirs, serviettes jetés par terre, et je parle aussi, avec des gens d’un autre monde, dont les préoccupations (basées sur l’apparence) sont loin d’être identiques aux miennes, et c’est bien ainsi.

Le soir arrive, la fraîcheur et la lumière tombent peu à peu. Ils prennent ensemble un petit repas champêtre avant d’entamer la scène finale. Les techniciens ont remballé le matériel en forêt avant la nuit et commencent à le réinstaller derrière la maison.
Et c’est parti, avec la sono qui résonne dans la plaine… danses, costumes, fumigènes, éclairage multicolore, tout le monde s’éclate joyeusement sur la terrasse du domaine, éclairée par les projecteurs (on a évité la mousse). La forêt se trouve quelque peu agitée par ce spectacle bruyant et luminescent. Chouettes, hiboux, et autres nocturnes n’ont qu’à bien se tenir ce soir.

Moi, toujours en contemplation, écrase quelques frelons venus s’agglutiner sur les panneaux blancs réfléchissants. J’ai vite remarqué que les danseuses n’aimaient pas ces petites bestioles.
Il est 22 heures… Extinction des feux… et de la musique. Le tournage est terminé.
Tout le monde se prépare au départ et à minuit quand les voitures ont quitté le parking, c’est à mon tour d’éteindre les lumières et de refermer les portes.

Le silence est revenu et la lune apparaît lentement derrière la canopée. Je monte me coucher après avoir pris une bonne douche tiède pour me rafraîchir un peu. Je m’allonge sur le dos, ferme les yeux et laisse mon cerveau partir dans une nébuleuse d’images fraîchement enregistrées de cette journée sous tension. La pression se détend et je m’endors sans connaître la substance de mes pensées.

A 4 heures, en plein sommeil, quelqu’un tambourine à la porte d’entrée en agitant vigoureusement la poignée. Je me réveille en sursaut, les yeux exorbités, en repoussant d’une main énergique le drap qui est sur moi. Je bascule mes jambes hors du lit pour prendre mes chaussons et dit à voix haute, « il se passe quelques chose en bas ! ». Ne retrouvant pas ces maudits chaussons, dont j’aurais pu me passer d’ailleurs, j’allume la lumière de la table de nuit, quand mon épouse réveillée par mon alerte se lève aussi en panique. Une fois debout, je coure à la petite fenêtre carrée restée ouverte pour regarder dehors. La lune éclairait suffisamment pour voir qu’il n’y avait rien, ni voiture, ni personne à l’extérieur. Mais j’avais bien entendu un vacarme en bas, alors en sueur et le bras droit ankylosé d’une mauvaise position allongée, je descends au rez-de-chaussée pensant que peut-être… ils étaient de retour ! Je sors côté sud... personne. Je sors côté Nord… personne non plus et surtout pas un bruit. Un silence absolu régnait dans la forêt !

Mon épouse me dit que j’ai dû confondre rêve et réalité. Il faut croire que oui. J’étais pourtant bien convaincu que le bruit était réel. Quoiqu’il en soit, après un réveil pareil, je n’ai pas pu me rendormir jusqu’au petit matin. Je suis resté assis sur mon lit, les yeux grand ouverts, tel un vieillard frustré de s’apercevoir qu’il commence à perdre la raison. La nuit fut courte !

Au petit matin, sans évoqué ma petite mésaventure nocturne, je me suis mis à nettoyer la terrasse et ses abords. J’ai replacé chaises et tables de jardin qui avaient été bougées pour l’occasion. En une heure à peine, il ne restait plus aucune trace de toute cette agitation. C’était la première fois qu’était réalisé un tournage sur le domaine. L’expérience fut étonnante… et marquante au vue de la nuit qui a suivie.
Ils m’ont promis de me faire parvenir le clip, une fois le montage terminé, je vous le mettrais en lien.

Vivement que ça recommence !…


Hervé