domaine de frévent

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lundi 17 octobre 2016

Une oasis de fraîcheur



Ils arrivent du sud, marchant en file indienne par les chemins de terre. Ils ont traversé des obstacles naturels et surmonté la peur de la bête qui s’emballe au cœur de la forêt. Un buisson qui bouge, un craquement de bois sec sur le côté, une branche qui tombe par terre ou un animal en fuite qui détale devant eux, sont des évènements qui peuvent engendrer une panique allant jusqu’à les déstabiliser de leur monture.
 
Ambiance d’adrénaline donc, où il vaut mieux être à l’ombre en cette journée d’Aout 2016 car il ne fait pas moins de 38 degrés. Le soleil mord et attise les envolés d’insectes suceurs de sang chaud qui tournoient autour de la horde de cavaliers emmenées par Gérard.

Gérard, je le connais de longue date, c’est le chef d’orchestre des écuries des vignes aux bonhommes situées à une dizaine de kilomètre d’ici. Il a lui-même installé son centre d’équitation sur cette colline à Fontenailles il y a près d’un demi-siècle maintenant.
Agriculteur dans l’âme, il a consacré sa vie au cheval par passion et son approche pédagogique est telle que ses premiers clients sont toujours auprès de lui aujourd’hui.

Lors de cette randonnée, il ne passe pas loin de Frévent et sait qu’il peut y trouver un point d’eau pour abreuver les chevaux, ainsi que de l’ombre et du calme pour reprendre quelques forces. Il décide donc de s’y arrêter un moment.

Après être passé par la grande allée, les cavaliers « démontés » descendent leurs chevaux à l’étang. Encolure et pattes avant abaissées, ces derniers pompent la substance désaltérante destinée à rafraîchir leurs organismes surchauffés. Les petits poissons s’affolent quelque peu de peur d’être engloutis vivant par ces aspirateurs sans crépine. Pendant ce temps Gérard installe de quoi attacher les équidés aux arbres le temps de faire un pique-nique dans l’herbe.

Arrêt sur image ; courte échelle à l’un des cavaliers pour passer une corde autour d’une branche d’arbre en hauteur. Les photographes s’activent… ‘Click’, c’est dans la boite ! 


Pendant que les chevaux se relaxent et déposent tour à tour leurs déjections humifères sur le sol du sous-bois, les discutions vont bon train autour d’un verre de vin. A l’ombre des arbres, la pression des émotions passées fait place à une décontraction revigorante et nécessaire pour affronter les aventures du retour. Les randonnées équestres c’est comme une boite de chocolat… on sait jamais sur quoi on va tomber (petite pensée pour FOREST GUMP !).
Le soleil brille, l’air est chaud, une heure passe dans cette ambiance de fournaise ou entre rires et prise de parole on entend juste les mouches volées et quelques sabots tapés le sol asséché.


Allez… un petit café, un petit pipi et les cavaliers se préparent à remonter en selle. Sur une peau qui déjà transpire, ils doivent se rééquiper en guêtre et protection de cuir. C’est le prix à payer pour maîtriser efficacement toutes réactions inattendues de la part de cette masse de muscle en mouvance et surtout pour la diriger sur l’itinéraire choisi.

Au bout de l’allée, après avoir jeté un dernier coup d’œil sur la carte, ils passent à nouveau le grand portail pour rejoindre les chemins de campagne. Cette petite pause leur a permis de retrouver fière allure sur leur monture, dos bien droit, épaule en arrière et main baissées sur l’encolure. C’est dans cette noble posture qu’ils nous saluent.

Pendant que le son des claquements de sabot s’éloigne peu à peu, se dessine devant eux, une plaine bien dégagée pour se lancer cheveux au vent dans un grand gallot, une rivière bien fraîche à traverser sur un gué de caillou, la rencontre avec un troupeau de cervidés en transit, des points de vue sur les collines lointaines et des paysages à couper le souffle.

Un juste nécessaire pour prendre plaisir à retrouver cette étroite complicité qui peut unir l’homme et l’animal dans une action commune et qui existe depuis la nuit des temps.

Hervé



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