domaine de frévent

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dimanche 5 juillet 2015

Chacun son truc !


Encore endormi, je suis loin, très loin dans une nébuleuse d’évènement dont je ne me souviendrais bientôt plus ! Mon cerveau est inactif à cet instant et je ne sais pas qui je suis. Un petit souffle d’air vient me caresser le dos et rafraîchir mon corps qui, dans quelques heures, va transpirer à nouveau. Les fenêtres sont grandes ouvertes et je commence à entendre dehors… une certaine agitation volatile.

Il est six heures et comme tous les matins mon horloge biologique remet sous tension mes contacts sensoriels. J’écoute d’abord, puis j’ouvre un œil que je jette sur l’affichage du réveil qui n’a pas eu le temps de sonner. Si tout va bien j’ouvre le deuxième, je me retourne et me redresse un peu pour regarder par la petite fenêtre carrée, les branches du chêne creux proche de l’étang. C’est dans ce tableau que je puise les indications nécessaires à l’évaluation de la journée. Ce matin, le feuillage est stable et se dessine sur fond bleu. La canicule continue.

L’enthousiasme me gagne, et je jette alors dans mon programme déjà bien chargé, plein de frivolités. Je pivote sur mon matelas sans couverture, et me lance dans une verticalité aux articulations douloureuses. Je reste pieds nus pour profiter de la fraîcheur du carrelage et descends déjeuner. Dans la cuisine j’ouvre les fenêtres pour ventiler la chaleur accumulée durant la nuit. Je m’attable et prépare mes tartines de pain beurrée sur fond sonore des dernières actualités qui me laissent pantois. La Grèce et son référendum, les terroristes en plein délire suicidaire, la météo et les alertes canicules. Moi, je savoure avec délectation mon petit déjeuner, enveloppé dans le petit air frais qui déambule dans la pièce.

Mais il ne faut pas trop s’attarder car dans deux heures la chaleur sera de retour. Alors je m’active en extérieur, je taille, j’arrose, je bine sans faire de bruit car les clients dorment encore… Jusqu’au moment de servir les petits déjeuners.


Au loin dans la plaine, Dominique arrive avec son matériel pour moissonner l’orge dans le champ voisin. Tracteurs, remorques, plateau de coupe et moissonneuse batteuse font mouvement en direction de la parcelle sous le scintillement des gyrophares. Chacun s’installe et prend position à proximité de la précieuse céréale. Après quelques réglages, c’est la moissonneuse qui prend la main sur cette aire de jeux. Son régime moteur augmente, le batteur et contre-batteur sont embrayés, les turbines soufflent à plein régime. C’est dans un nuage de poussière qu’elle attaque le détourage de la parcelle. Elle est suivie du premier tracteur et sa remorque, près à soulager sa trémie, par l’intermédiaire du bras articulé. Les chauffeurs sont confortablement installés dans leur cabine climatisée en train d’écouter les informations du jour qui les laissent pantois. La Grèce et son référendum, les terroristes en plein délire suicidaire, la météo et les alertes canicules. Eux, savourent avec délectation le bon rendement qui s’accumule dans les remorques, à l’abri de la sueur et de la poussière.

Je me suis mis à l’orée du bois pour assister à ce ballet tournoyant de machines agricoles. Tracteurs vides et tracteurs pleins évoluent énergiquement autour de celle qui se goinfre de céréales à paille. Au fur et à mesure de leur avancement le champ se vide peu à peu pour laisser place à un chaume doré qui vient d’être coupé. Il fait 38 °, la sueur dégouline de mon front et la poussière en suspension dans l’air vient se coller sur ma peau. Cela me gratte un peu et me fait penser à ces hommes et ses femmes qui jadis, en plein soleil, coupaient et ramassaient les gerbes de céréales à la main. A cette époque, ils étaient couverts de la tête au pied pour faire ce travail. Craignaient-ils les barbes coupantes, les pailles blessantes ou les brûlures du soleil ? Se lavaient-ils de cette transpiration et de cette poussière accumulée le soir avant d’aller se coucher ?

Pour ma part, je ne vais peut-être pas attendre le soir ! Je file me doucher et m’enferme dans le bureau pour retrouver un travail à température plus supportable.

A propos, je voulais vous tenir informer sur l’évolution des œufs en incubation le mois dernier.

Ceux de la paonne ont été trouvés par un de mes chiens (croque-note) qui a su les apprécier. Cela dit, je pense qu’ils étaient stériles. Ceux de la canne ont disparu quelques jours après vous en avoir parlé. Les petits roitelets sont nés et ont déjà quitté le nid. Les œufs de merle sont encore en place dans le lit abandonné… froids. La poule qui couvait les œufs de la paonne, les couve encore… ils sont donc stériles. La poule qui couvait ses propres œufs a eu un poussin, mort le lendemain.

Le cheptel ne s’agrandira donc pas cette année, à moins qu’il y ait d’autres couvées, car l’été n’est pas fini.


Hervé






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