domaine de frévent

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samedi 15 novembre 2014

5 - La pérennité du décor


Le visage de Frévent devait changer. Avant, c’était ‘la maison du petit chaperon rouge’ dans la forêt. Je vous laisse imaginer ce que pouvaient être ces lieux plein de charme, totalement sauvage, livrés à eux même mais dont la lumière était exclue. Depuis mon arrivé, le paysage autour des bâtiments a été transformé chaque année. Des grands arbres ont étés abattus, des allés, des parkings, des terrasses ont été créés, des vallonnements engazonnées sont apparues.

Un joli maquillage s’impose à présent pour redonner de l’éclat à ce regard illuminé. Dans ma trousse à maquillage, pas de nain de jardin…(on n’est pas chez mémé), pas de grands arbres non plus car ils sont déjà bien assez représenté par la forêt. En revanche des arbustes pour les bas-reliefs et des fleurs pour leurs couleurs.

Les sculptures en bronzes ou en pierres seraient les bienvenues mais ne sont pas d’actualité car beaucoup trop chère pour ma bourse. Je les aie substituées par des souches renversées de vieux chênes abattus depuis plusieurs décennies. Celles-ci apportent des formes sombres, tourmentées avec des arrêtes saillantes qui semblent avoir été dessinées de la main de l’homme.



Un parc à boutures a été préparé pour y développer les petites haies d’aujourd’hui. Pyracantha, Houx, Buis, If, Lonicera, Aucuba ont été multipliés en nombre. Les courbes et les angles vifs qui dessinent les allées et terrasses en seront sur lignés. Les rosiers couvre-sol se bouturent facilement et permettent de poser quelques points de couleurs ici et là dans le parc. Avant la floraison ils présentent une allure éclatante avec la sortie de petites feuilles vertes très brillantes. La floraison qui vient ensuite peut être rouge vif, rose fuchsia, jaune ou blanc. Le long des constructions, plutôt exposé au nord ou à l’est, se trouvent en terre de bruyère des rhododendrons, des hortensias (hydrangea) et des azalées.

Les arbres au port pleureur sont à envisager autour des bâtiments. Ils développent une végétation élégante et souvent de petite taille. Un sophora et un cèdre bleu Atlantica ont déjà été plantés l’année dernière. Je compte continuer cette année avec un hêtre pourpre qui donnera une note de couleur dans cet amas de verdure.

Rendez-vous chez mon pépiniériste préféré pour choisir les sujets adéquats. Arrivée sur place on met les bottes et on s’en va marcher dans… les champs. On passe par les serres, puis les arbres fruitiers en pleine terre. Gigantesque les serres…des vraies maternités, du nourrisson à l’âge adulte. Mais ce qui me plaît surtout ici c’est qu’il y a des tracteurs partout. Des tracteurs de toutes les tailles avec des outils différents, qui vont et qui viennent. Le tracteur c’est la main motorisée des hommes qui permet aujourd’hui de dépasser le stade du bricolage. Même l’arrachage des arbres ne se fait plus à la main.

Quand je dis tracteur, je devrais dire engins. Car il y a aussi des mini pelles, des élévateurs, des bulldozers…Tout le nécessaire pour travailler la terre sans se fatiguer.

Les employés qui accompagnent ces matériels ne sont pas costumés et ne rangent pas des produits dans des rayons. Ce sont des travailleurs, des hommes de la terre, leurs mains même si elles sont gantées aujourd’hui, sont noircies et tannées par l’usure. On est dans une entreprise de campagne et bien loin de la grande distribution ou les allées sont bétonnées et les plantes en containers dans du substrat. Ici les arbres sont dans la terre, la vraie et ont même de l’herbe au pied. C’est la nature quoi !

Sur le chemin on aborde des sujets remarquables plantés jadis par le grand père voir plusieurs fois arrière-grand-père du propriétaire actuel. Des arbres dignes de figurer dans les plus beaux jardins botaniques de France. Ça donne sacrément envie d’acheter ! Après deux kilomètre de marche (les bottes ne sont pas superflus en cette période humide) on arrive aux Hêtres pleureurs. Il me faut choisir parmi cinq spécimens. Certains sont de petite section, d’autre ont les branches mal équilibrées. Je prends… le plus beau ! Avec les conseils avisés du vendeur qui a de l’expérience et de la pratique. Ce n’est pas un commercial qui récite sa leçon ce gars-là.

Ensuite nous partons voir ce qu’il me propose comme arbuste de proximité de terrasse. Cette fois il faut aller de l’autre côté des 45 ha de la pépinière. De retour aux bâtiments de la ferme, nous prenons un véhicule de plaine. J’ai bien cru, à plusieurs reprise que la voiture resterait plantée et qu’il me faudrait pousser, mais là encore, l’homme connaît son terrain. On arrive sans encombre dans le coin des conifères. Toutes les tailles, toutes les formes et au loin une série dont la couleur attire mon regard. Il s’agit des Cryptomeria Japonica elegans dont la taille adulte reste modeste – 6 mètres environ. Vert bleuté en saison, les aiguilles deviennent violette à l’automne et pendant l’hiver. J’achète !


Les arbres seront arrachés en motte la semaine suivante. Il me tarde de les mettre en place à Frévent.

Je n’ose pas trop penser aux nombreuses années qui passeront avant que ces sujets n’apportent véritablement leur cachet dans cet univers sauvage. Il faudra compenser cette attente par d’autres baliveaux moins importants que je supprimerais au fur et à mesure de l’évolution du parc.

Et puis l’année prochaine, d’autres idées viendront, d’autres plantations se feront. Le jardin est fait pour être en perpétuelle renouvellement aux gré des saisons.


Hervé

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