domaine de frévent

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dimanche 19 juillet 2015

Voyageurs de juillet 2015...



Hier soir, j’arrosais quelques jeunes plantations avec l’eau de l’étang dont le niveau baisse de jour en jour. J’entends une voiture ralentir pour venir s’arrêter devant le portail d’entrée. Je pouvais voir de loin qu’elle était équipée d’un coffre de toit et qu’il s’agissait donc de touristes. J’ai tout de suite pensé à des clients étrangers, qui s’arrêtent à Frévent tous les ans sur le chemin de leurs vacances. Ils avaient réservé une chambre, mais devaient arriver plus tard dans la soirée. Ce sont des amis maintenant et hier encore mon plaisir était immense à venir les accueillir sur le parking. Ils sont Hollandais et ne parlent pas bien français. Congratulations, puis les discussions s’entament… en anglais, ce qui, vous l’imaginez bien, complique quelque peu le dialogue. Les sujets abordés doivent être simples, il faut aller à l’essentiel avec prise de risque sur le choix des mots et la prononciation, ce qui donne lieu parfois à de franches rigolades et donc de bons moments. Et c’est ainsi que, chaque année, nous voyons leurs enfants grandir, découvrons leur destination de vacances et prenons connaissance du trajet qu’ils ont choisi pour s’y rendre. En 2015, le choix s’est porté sur le Portugal pendant une quinzaine de jours. Souvent, ils prennent rendez-vous pour le retour quelques semaines plus tard. Mais cette fois la date est incertaine… alors nous verrons!

Nous sommes placés à un carrefour important pour les voyageurs au long cours. A mis distance pour ceux d’Europe du Nord et de l’Est qui descendent en voiture sur les côtes littorales et qui désirent éviter la ceinture Parisienne pour les embouteillages. Et à une heure des aéroports, toujours en direction opposée à la grande circulation, pour ceux qui voyage en avion. Il est de plus en plus fréquent de voir des voitures de location stationnées sur le parking de Frévent. Les autres véhicules sont plutôt bien chargés, avec vélos sur le toit ou à l’arrière. Nous avons déjà vu arriver des petites remorques et quelques camping-cars. Ici, il n’y a aucun problème pour stationner ces convoyages de loisirs. Les allées sont larges et le parking est grand.

C’est avec beaucoup de plaisir que je vois donc arriver chaque année notre clientèle de juillet/Aout. Très différente du reste de l’année, je la qualifierais de cosmopolite, spontanée et détendue. Spontanée car mise à part les habitués, c’est souvent sur un coup de pouce qu’elle atterrit pour une nuit ou deux en gîte, en chambre ou en cabane. Souvent, le téléphone sonne dans la matinée, pour les recevoir le soir même. Détendue, car elle est en vacances alors ‘no stress’. Accompagnée de sa bonne humeur, elle nous permet en discutant un peu, de découvrir de nouveaux horizons à nous, qui dans cette période estivale, devons rester à la maison. C’est notre petite façon de voyager, en échangeant avec ceux qui viennent des quatre coins du monde, des moments de vie.

Hier, avec des Américains, nous avons beaucoup parlé du marquis de Lafayette, des villes à consonance française aux États unis, des hamburgers, de l’étroitesse des parkings dans les aéroports français et des routes françaises en générale. Aujourd’hui, avec les Hollandais, nous avons appris qu’il pleuvait à midi chez eux et avons eu un débat destiné à choisir une éventuelle langue commune à tous les pays Européens. Il a été question de la langue Grecque ! Demain, avec les allemands nous verrons bien si cela était une bonne suggestion !

Je me souviens qu’une année, des australiens venus nous voir avant de reprendre l’avion pour un retour au pays nous avait raconté qu’il faisait leurs courses, chez eux, dans une grande surface d’enseigne française ! Heureusement, il reste encore les aborigènes et les kangourous pour justifier des 20 heures d’avion qui nous sépare !
Je les salue en repensant à cette soirée que nous avions passé ensemble sur la terrasse devant ‘la Galerie’. C’était en Juillet 2013 me semble-t-il.

J’aurais bien d’autres anecdotes à vous raconter, comme cette soirée avec des Ingénieurs roumains qui nous expliquaient pourquoi, sous certains aspects, ils regrettaient le régime de Ceausescue. Une histoire de chômage et de misère qui a explosée en contrepartie d’une liberté retrouvée, mais pas indispensable à leurs yeux. Passionnante discussion qui me fit découvrir un état d’esprit que je ne connaissais pas.

Que de conversations à animer en ‘Fran-glais’. Heureusement que mon épouse est là pour traduire les mots français que j’intercale dans mes allocutions anglo-saxonnes. Bon, quelque fois j’abuse c’est vrai et les phrases deviennent plus francophones qu’anglophones. Je crois bien que sans son aide et malgré une gestuelle expressive, j’aurais bien du mal à tenir une conversation. Petite pensée pour mon professeur d’anglais de terminal avec qui je n’étais pas ‘copain’ et qui pourrait bien rire des difficultés que je vous avoue dans ce texte.

Vous comprendrez pourquoi, au petit matin, quand tout ce petit monde se retrouvent dans la salle des petits déjeuners et se mettent à discuter entre eux, moi je préfère m’effacer en restant dans la cuisine à côté. De là j’entends parler, rire, parfois même chanter et bien que je ne comprenne pas le débat, cela me rend heureux.

Bon, je vais continuer mon arrosage, cette fois en tirant l’eau du puits. Elle est à quatre ou cinq mètres de profondeur et malgré la difficulté à remonter les sceaux, elle est bienvenue dans une année comme celle-là, où les arbres que j’ai plantés l’hiver dernier souffrent particulièrement de la sécheresse. Dire qu’au mois d’avril, je me plaignais de ne pas pouvoir tondre la pelouse tant elle était trempée ! Aujourd’hui c’est un paillasson qu’il n’est plus nécessaire de couper.

Mai, Juin, Juillet avec que du soleil et pas une goutte d’eau… que du bonheur, sauf pour les végétaux !


Hervé



dimanche 5 juillet 2015

Chacun son truc !


Encore endormi, je suis loin, très loin dans une nébuleuse d’évènement dont je ne me souviendrais bientôt plus ! Mon cerveau est inactif à cet instant et je ne sais pas qui je suis. Un petit souffle d’air vient me caresser le dos et rafraîchir mon corps qui, dans quelques heures, va transpirer à nouveau. Les fenêtres sont grandes ouvertes et je commence à entendre dehors… une certaine agitation volatile.

Il est six heures et comme tous les matins mon horloge biologique remet sous tension mes contacts sensoriels. J’écoute d’abord, puis j’ouvre un œil que je jette sur l’affichage du réveil qui n’a pas eu le temps de sonner. Si tout va bien j’ouvre le deuxième, je me retourne et me redresse un peu pour regarder par la petite fenêtre carrée, les branches du chêne creux proche de l’étang. C’est dans ce tableau que je puise les indications nécessaires à l’évaluation de la journée. Ce matin, le feuillage est stable et se dessine sur fond bleu. La canicule continue.

L’enthousiasme me gagne, et je jette alors dans mon programme déjà bien chargé, plein de frivolités. Je pivote sur mon matelas sans couverture, et me lance dans une verticalité aux articulations douloureuses. Je reste pieds nus pour profiter de la fraîcheur du carrelage et descends déjeuner. Dans la cuisine j’ouvre les fenêtres pour ventiler la chaleur accumulée durant la nuit. Je m’attable et prépare mes tartines de pain beurrée sur fond sonore des dernières actualités qui me laissent pantois. La Grèce et son référendum, les terroristes en plein délire suicidaire, la météo et les alertes canicules. Moi, je savoure avec délectation mon petit déjeuner, enveloppé dans le petit air frais qui déambule dans la pièce.

Mais il ne faut pas trop s’attarder car dans deux heures la chaleur sera de retour. Alors je m’active en extérieur, je taille, j’arrose, je bine sans faire de bruit car les clients dorment encore… Jusqu’au moment de servir les petits déjeuners.


Au loin dans la plaine, Dominique arrive avec son matériel pour moissonner l’orge dans le champ voisin. Tracteurs, remorques, plateau de coupe et moissonneuse batteuse font mouvement en direction de la parcelle sous le scintillement des gyrophares. Chacun s’installe et prend position à proximité de la précieuse céréale. Après quelques réglages, c’est la moissonneuse qui prend la main sur cette aire de jeux. Son régime moteur augmente, le batteur et contre-batteur sont embrayés, les turbines soufflent à plein régime. C’est dans un nuage de poussière qu’elle attaque le détourage de la parcelle. Elle est suivie du premier tracteur et sa remorque, près à soulager sa trémie, par l’intermédiaire du bras articulé. Les chauffeurs sont confortablement installés dans leur cabine climatisée en train d’écouter les informations du jour qui les laissent pantois. La Grèce et son référendum, les terroristes en plein délire suicidaire, la météo et les alertes canicules. Eux, savourent avec délectation le bon rendement qui s’accumule dans les remorques, à l’abri de la sueur et de la poussière.

Je me suis mis à l’orée du bois pour assister à ce ballet tournoyant de machines agricoles. Tracteurs vides et tracteurs pleins évoluent énergiquement autour de celle qui se goinfre de céréales à paille. Au fur et à mesure de leur avancement le champ se vide peu à peu pour laisser place à un chaume doré qui vient d’être coupé. Il fait 38 °, la sueur dégouline de mon front et la poussière en suspension dans l’air vient se coller sur ma peau. Cela me gratte un peu et me fait penser à ces hommes et ses femmes qui jadis, en plein soleil, coupaient et ramassaient les gerbes de céréales à la main. A cette époque, ils étaient couverts de la tête au pied pour faire ce travail. Craignaient-ils les barbes coupantes, les pailles blessantes ou les brûlures du soleil ? Se lavaient-ils de cette transpiration et de cette poussière accumulée le soir avant d’aller se coucher ?

Pour ma part, je ne vais peut-être pas attendre le soir ! Je file me doucher et m’enferme dans le bureau pour retrouver un travail à température plus supportable.

A propos, je voulais vous tenir informer sur l’évolution des œufs en incubation le mois dernier.

Ceux de la paonne ont été trouvés par un de mes chiens (croque-note) qui a su les apprécier. Cela dit, je pense qu’ils étaient stériles. Ceux de la canne ont disparu quelques jours après vous en avoir parlé. Les petits roitelets sont nés et ont déjà quitté le nid. Les œufs de merle sont encore en place dans le lit abandonné… froids. La poule qui couvait les œufs de la paonne, les couve encore… ils sont donc stériles. La poule qui couvait ses propres œufs a eu un poussin, mort le lendemain.

Le cheptel ne s’agrandira donc pas cette année, à moins qu’il y ait d’autres couvées, car l’été n’est pas fini.


Hervé