domaine de frévent

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vendredi 12 septembre 2014

2 - Entretien des frontières.

Il y a des choses impossibles à faire soi-même. Même bien équipé en matériel cela serait irrationnel d’investir dans des outils qui ne fonctionneraient que quelques heures par an. C’est le cas de l’entretien de la haie naturelle de la propriété, qui longe le CD 67 à l’Est.

Il s’agit de 400 mètres d’arbustes, épines, charmilles essentiellement dominées par les grands chênes en lisière de forêt. Celle-ci ne voit le soleil qu’à partir de 14 heures en pleine été et jusqu’au crépuscule. Elle n’est donc pas très dense et c’est pour cela qu’il faut la tailler régulièrement pour l’aider à s’étoffer. D’autre part il me faut éviter que la végétation ne gagne sur la voie publique. La grande difficulté de ce travail vient du fait qu’entre la route et la haie, il y a un fossé et donc 5 mètres de distance.

La haie par elle-même fait 3 mètres d’épaisseur. Mon tracteur est un «  fruitier « et il est étroit. Il ne peut donc supporter le porte à faux qu’engendrerait le poids d’un outil sur le côté avec un tel déport.

C’est donc François qui s’y colle, l’agriculteur d’en face avec un lamier de 4 mètres et surtout un tracteur stable. L’opération est fastidieuse. En position horizontale le lamier est sans cesse interrompu par des gros arbres, des poteaux de téléphone, le fils du téléphone tout le long, des panneaux de signalisation, des bornes etc… C’est un vrai parcourt du combattant et je remercie François pour son assiduité et sa patience. Ma mission pendant ce temps (entre 2 et 3 heures tout de même) est de sécuriser la circulation. Il ne serait pas de très bon ton qu’une voiture vienne s’encastrer dans le tracteur.

Je ne vous cache pas que c’est le moment propice aux retrouvailles avec des amis plus ou moins perdus de vue qui, me voyant faire le guignol au bord de la route s’arrêtent volontiers taper une petite discute sympathique. Bref, moment convivial et de sociabilité pour l’homme de la forêt que je suis devenu, d’autant que cette année encore c’était grand soleil au rendez-vous.

Un broyage sur le bas-côté de la route suffira à faire disparaitre toutes ces coupes  provenant de la partie de haie qui a déjà été taillée il y a deux ans. En revanche l’autre partie y passe pour la première fois, et là les branches sont de toutes les tailles mais plutôt du genre «  grosses ». C’est un capharnaüm qui s’amoncelle en bordure de route. Impossible de broyer, il faut tout ramasser, mettre en tas puis bruler. Heureusement François m’a autorisé à faire le feu dans la plaine juste en face puisque le champ n’est pas mis en culture.

C’est le lendemain que je ramasse. Pas besoin de les soulever manuellement. En les poussant avec le godet du tracteur, elles s’entremêlent et  forme un tas de plus en plus gros. J’en dispose plusieurs dans le champ bien dégagé. Une bonne flambée s’annonce pour le lendemain matin.

Il est 7 heures, le jour se lève. Le temps est au sec depuis plus d’un mois, et une brume matinale s’installe dans la plaine. La rosée est présente, l’herbe est trempée. Il n’y a pas un souffle d’air. Le temps est idéal pour n’inquiéter personne avec un brasier. Je prends quelques papiers et cartons, je sors de la propriété avec mon tracteur (qui a bien démarré) et je me dirige vers le premier tas. J’allume papiers et cartons, et pose manuellement quelques branches bien sèches dessus pour obtenir de belles flammes. Ensuite, je m’arrange pour rouler le tas entier sur le feu en soulevant et poussant avec le tracteur. C’est à ce moment qu’une fumée blanche très dense s’élève bien droit dans le ciel. Pas comparable je pense avec l’éruption  du volcan islandais l’Eyjafjöll en 2010, mais impressionnant tout de même et peut être de quoi affoler les pompiers du coin. L’angoisse me prend. Et si j’allais un peu trop vite, si j’en brulais trop à la fois, et si le vent se levait soudainement. Puis, très vite la fumée s’estompe et laisse place à des flammes de 20 mètres de haut sous un ronronnement sourd. Je recule le tracteur loin derrière mais le laisse tourner au cas où j’aurais besoin de prendre de la terre pour étouffer tout ça... Au bout de 20 minutes, le tas a déjà diminué de moitié, de quoi me rassurer et passer au suivant.

A 10 heures, il n’y a plus que des tas de cendre encore fumant dans la plaine. Il ne reste rien de la végétation d’hier. La brume se dissipe, une légère brise commence à souffler mais tout risque est écarté. Le nettoyage est terminé et le champ est libéré. Au fait, ce sera du blé à cet emplacement pour l’année prochaine.

Voilà, je vous montre le résultat en image.         

 Hervé



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