domaine de frévent

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vendredi 6 février 2015

Réaction en chaine


Évidement en hiver, on a plus de temps… Du temps pour regarder, analyser, réfléchir et c’est ainsi que lors d’une petite réparation dans un gîte, ma réflexion s’est arrêtée sur un petit meuble peint qui dénotait un peu dans le décor du salon. Et si je remplaçais ce meuble avec celui qui se trouve dans l’autre gîte à côté. Sitôt dit, sitôt fait, et au vue du résultat satisfaisant une autre réflexion s’entame. Cette fois-ci, c’est la grande glace du couloir qui mériterait d’être mieux vue qu’elle ne l’est. Pourquoi ne pas la placer dans la chambre au milieu des deux appliques. Et c’est parti…


              

Je vais à l’atelier, prendre l’équipement nécessaire, je démonte d’un côté et je remonte de l’autre. La glace va très bien à cet endroit, mais que mettre alors dans le couloir qui fait vide à présent. Et bien pourquoi pas cette autre glace qui se trouve dans la grange et pour lequel il suffirait d’un petit coup de peinture sur le cadre pour la rendre présentable. Je m’y attelle dès le lendemain matin et décide de remplacer la peinture par une mise à nue du bois qui lui donne ainsi une apparence cérusée (c'est tendance). Quelques consolidations, quelques finitions pour la patiner et à la fin de la journée, l’œuvre est prête.

Ma fille arrive et dit :
   - « Moi, je veux cette glace dans ma chambre.
Mais tu as déjà une glace sur la porte de ton armoire !
  - Cette armoire est devenue trop petite pour moi, et maman la veux pour une des chambres d’hôtes. Il me faut celle qui se trouve dans la ‘Tanière’, et elle ne possède pas de glace. De plus, mon lit n’ira pas avec cette nouvelle armoire. Il faudra le placer dans ce gîte et moi je prendrais le lit qui se trouve dans la chambre de ma sœur. »
Sœur qui récupère le lit du frère à qui je dois acheter un plus grand lit…etc.

Et c’est ainsi que je prends connaissance du complot. Je n’en mesure pas de suite l’ampleur. Car beaucoup de modifications ont été planifiées d’avance avec leur mère et je vais m’apercevoir très vite que cela ne s’arrête pas qu’à une simple rotation de meuble. Alors depuis deux semaines je démonte, je porte, je transporte, je descends des escaliers en colimaçon chargé comme un bœuf, je passe certains meubles par les fenêtres.
Il faut ensuite accorder les rideaux au dessus de lit, ou vis et versa (en commander des nouveaux bien sûr). J’ai même dû changer un papier peint dans un des gîtes. Il me sera demandé aussi de retapisser deux vieux fauteuils avec le tissu des nouveaux rideaux. Refaire également les abat-jours des lampes de chevet en accord avec la même étoffe.

C’est une véritable réaction en chaîne non contrôlée qui s’opère actuellement à Frévent. Le déplacement d’un meuble libère de multiples possibilités d’accorder des objets entres eux. Ceux-ci libèrent eux même d’autres possibilités et ainsi de suite... Tel un neutron causant la fission d’un atome qui engendrera plusieurs neutrons qui à leur tour causeront d’autres fissions…Vous l’avez compris, je me suis laissé entraîner dans une spirale infernale dont je n’imagine pas la fin.
J’ai mal aux mains et au dos. Croyez-vous que je vais avoir droit à une retraite anticipée pour travaux pénibles ? Heureusement, j’ai quelques petites mains pour m’aider ici et là. Mon épouse bien sûr, mais aussi ma fille qui suit ses cours en Fac., et qui par conséquent est à la maison…tous les jours ! D’ailleurs quand j’y pense, c’est un bien curieux mode de formation que le cursus universitaire. Apprendre aux jeunes sans qu’il soit devant vous, mais en les laissant se débrouiller tout seul dans leurs chambres. Mais je m’écarte du sujet…

Où en étions-nous ? Ah oui l’attaque nucléaire par fission de l’harmonie en décoration intérieure. Me voici donc replongé dans un véritable déménagement. Sans camion cette fois, juste un atelier qui sert de dépôt transitoire en attendant que gîtes et chambres se libèrent pour y accéder. Moi qui ai eu tant de difficultés à tout placer il y a sept ans, me voici contraint à tout recommencer. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte qu’il y a quelques années, tout semblait plus léger. A l’époque, je n’avais pas besoin de lunettes pour viser une tête de vis. Cela me rendait beaucoup plus habile.

Puis après l’explosion il me faut faire face à l’onde de choc. Celle qui me démontre que malgré l’aménagement en court, il manque encore du mobilier ici et là. Alors une recherche s’entame pour retrouver le complément (brocantes, salle des ventes…le bon coin !)
Quelques voyages à la déchetterie sont nécessaire aussi pour ce qui n’est pas réparable, ou simplement désuet. Mais jeter n’est pas mon fort. Je m’attache vite à ces petites choses sans importance. Tous ces objets que je déplace aujourd’hui me racontent une histoire. A travers chacun d’eux je retrouve un petit bout de ma vie. La plupart sont passés, à un moment donné, dans mon atelier pour une réparation. Ils ont aussi voyagé avec moi. Beaucoup sont venus du centre de la France pour arriver en région parisienne. Puis ils sont repartis dans le sud pour revenir ensuite en Seine et Marne. Que de souvenirs me reviennent quand je les démonte, les déplace et les transporte.

Les nouveaux rideaux sont commandés et arriveront dans les jours prochains. J’ai refusé le retapissage des fauteuils car même si j’ai déjà fait ce genre de chose il y a vingt ans, je trouve plus sérieux de confier cette tâche à un professionnel. Au vu du coût que cela représente, les esprits se sont calmés. Ouffff…

Avec tous ces changements, des photos du site internet devront être réactualisées. Cela impose de reprendre les photos, lits fait, avec la bonne lumière du jour, si possible ensoleillé. Pour ‘la Galerie’ et la ‘Conciergerie’ ce sera soleil du matin. Pour les gîtes ‘la maison du garde’ et ‘la tanière’, soleil de l’après-midi. Mais un soleil bas, donc photos à prendre avant le mois de Mars. Pour ‘le chai’ ce sera le soleil du soir et plutôt au printemps pour qu’il se place dans l’axe de la grande porte-fenêtre. Ensuite retouche des photos, dimensionnement, nomination, puis mise en ligne progressive sur le site internet. Voilà pour le programme Web à venir!

En dépit du fait que selon moi, la réaction en chaîne est loin d’être terminée, certaines pièces du domaine retrouvent à présent une autre apparence. Elles gardent la même fonction, la même taille et la même place, mais n’auront plus jamais le même sourire qu’avant. Contrairement à Hervé qui prend de l’âge sans pouvoir l’inverser, ces chambres, ces salons qui ont pris naissance il y a quelques années, viennent de rajeunir par l’influence d’une jolie parure (et d’un complot rondement mené).
Les voilà donc reparties pour une nouvelle époque.

Hervé



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